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VIGNE BIO OUVERTE « PRÉPARATIONS NATURELLES PEU PRÉOCCUPANTES », CHEZ LE VIGNERON BIO ALEXANDRE CHAILLON, À AŸ, LE 2 JUILLET 2024

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Le Mardi 2 Juillet dernier, s’est tenue pour la première fois dans l’histoire des Vignes Bio Ouvertes une Initiation aux « Préparations Naturelles Peu Préoccupantes » plus couramment connues sous l’acronyme « PNPP »
Animée par le vigneron bio marnais Alexandre Chaillon et l’expert VITIZ Antoine Portaluri, cette animation fut l’occasion pour les participants de percer les mystères de ces potions végétales de plus en plus plébiscitées par les vignerons bio. Appliquées en complément des traitements traditionnels de soufre et cuivre, elles permettent de protéger, cicatriser ou encore stimuler la croissance de la vigne !
Céline Lefèvre Jolibois de la Chambre d’Agriculture a profité pour rappeler la réglementation européenne et française en la matière. Une PNPP doit être issue d’un procédé accessible à tous (tisane, décoction, macération, teinture mère..) et peut être composée :
✔️D’une substance de base, avec un intérêt montré en protection des cultures (12 sont actuellement autorisées en viticulture biologique : on y trouve notamment l’ortie, la prêle, l’écorce de saule)
✔️D’une substance naturelle à usage biostimulant (SNUB), plutôt reconnue comme favorisant la nutrition et la résistance au stress abiotique. Depuis 2021, se sont ajoutées aux 148 plantes libérées, toute plante utilisée en alimentation animale ou humaine, soit désormais près de 1200 plantes utilisables, telles que la camomille ou le pissenlit.
Céline attire l’attention sur le cas particulier des huiles essentielles à usage phytopharmaceutique (dont l’orange , ou le clou de girofle) soumis à une réglementation spécifique.
Pour celles et ceux intéressés, un calendrier d’utilisation des PNPP peut vous être envoyé par celine.jolibois@marne.chambagri.fr.
Antoine Portaluri s’est lancé dans l’aventure des PNPP en 2018, après avoir constaté un réel engouement des vignerons à rechercher des méthodes alternatives dans la culture de leur vigne. Aujourd’hui, son entreprise VITIZ propose des plantes séchées à travailler soi-même, ou des préparations prêtes à l’emploi et livrées le jour même de l’application. Ces dernières sont en effet très sensibles à l’oxydation et peuvent facilement « tourner ».. Une petite astuce d’Antoine pour prolonger le temps de garde de la préparation : y ajouter vitamine C, bisulfite et quelques de gouttes d’huile essentielle de romarin.
La première préparation proposée par VITIZ est l’extrait fermenté , élaborée à partir d’eau de pluie (Ph un peu plus bas), dans laquelle les plantes sont plongées, sans air, pendant 1 à 2 semaines, à une température constante de 25 degrés. L’extrait fermenté d’ortie est le plus utilisé (Application 30g d’extrait/L, 5L/ha). Riche en azote, en fer, et autres oligoéléments, l’ortie permet de stimuler et réguler la croissance de la vigne. « Il est à utiliser pendant la période végétative, on l’évite, en revanche lorsqu’il y a du mildiou ou pendant la fleur ! Certains vignerons l’utilisent également au sol. Associé à un mélange de consoude, luzerne, miel et basalte, cette mixture permet de redynamiser la vie microbienne du sol, favoriser le développement racinaire et est généralement appliqué en sortie de vendange, avant l’hiver. »
La seconde préparation concoctée par l’équipe d’Antoine est la décoction, dont la plus connue en phytothérapie est celle de prêle. Particulièrement utilisée cette année 2024, elle est appliquée généralement après débourrement, au sol. Très riche en silice, elle renforce la paroi cellulaire des végétaux et retarde la maturité du mildiou.
Enfin, la dernière préparation est la tisane, dont l’objectif premier est d’y extraire la fameuse acide salicylique, véritable stimulateur de défense. Les plus connues sont la tisane de Reine des Près et celle de Saule, efficaces toutes les deux dans la prévention du Mildiou et de l’Oïdium. Antoine conseille de les appliquer en alternance.
C’est en 2018, que le vigneron bio Alexandre Chaillon s’initie aux préparations, en commençant comme bon nombre de vignerons, dans sa cuisine, puis investit dans des bruleurs avec de grosses marmites. « L’inconvénient est qu’il faut rester en permanence au coin du feu ». Pour y pallier, Alexandre vient d’acquérir une cuve de brassage à bière connectée et automatique permettant de réaliser les tisanes de manière autonome. Alexandre conseille de filtrer les préparations avec un filtre chaussette à 100 microns, afin de s’assurer de ne pas boucher les buses de son pulvérisateur !
« En ce début de campagne 2024, j’ai commencé par appliquer du saule et du pissenlit. Puis, en raison des gros orages, de ces averses successives, et des retours d’expérience de vignerons bio, j’ai appliqué de la prêle et beaucoup d’huile essentielle d’orange. L’objectif étant de freiner la végétation le plus possible. J’ai également mis beaucoup d’osier, je l’apprécie autant pour ses qualités asséchantes que pour sa divine odeur ! En revanche, pas d’ortie, d’écorce de chêne ni de camomille cette année ! » nous livre Alexandre.

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