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VIGNE BIO OUVERTE « DÉCOUVERTE DE LA VITICULTURE BIOLOGIQUE »,CHEZ LE VIGNERON GUILLAUME MARTEAUX À BONNEIL (02), LE 8 NOVEMBRE 2022

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Organisée dans le cadre du mois de la bio, avec Bio Haut de France, cette rencontre nous a permis de faire la connaissance de Guillaume MARTEAUX, jeune vigneron axonais. Guillaume réalise sa formation professionnelle au BTS VO à Avize en 2003, durant laquelle la viticulture bio est malheureusement à peine évoquée aux étudiants.

Le domaine familial s’étend sur 8,70 ha dans la vallée de la Marne, à BONNEIL. Constitué de 54 parcelles, le parcellaire a la particularité d’intégrer environ 80 ares présentant une pente à plus de 50%, donc où il très difficile de gérer érosion et travail du sol.

Il signe dans un premier temps un « contrat d’agriculture durable » dans le cadre de la PAC avec La Chambre d’Agriculture et commence à enherber ses inter-rangs. Il bénéficie ainsi d’abattements fiscaux durant 5 ans.

En 2008, il acquiert un tracteur mono-rang et des inter-ceps hydrauliques. Il réduit progressivement son utilisation de produits fongicides de synthèse, préférant utiliser du cuivre en début et fin de saison. Il n’a jamais utilisé d’insecticides, ni herbicides de pré-levée.

En 2018, il se sent prêt, et lance la conversion bio sur 2 ha du domaine. En 2022, il a réalisé sa 1ère vendange bio sur ces 2 ha.

En 2020, convaincu que la conversion est réalisable et nécessaire (Guillaume n’a pas utilisé de pesticides de synthèse sur l’ensemble du domaine depuis 2018 pour s’en convaincre), il poursuit sa conversion sur les 6 autres ha restants. « Il fallait que mes parents soient eux aussi rassurés, ce n’était pas évident pour eux, mon père appréhendait beaucoup cet engagement. »

En 2021, il est très fier d’avoir pu récolter grâce à sa grande persévérance 5500 kg / ha, un résultat sensiblement identique, voir supérieur, à ceux des vignerons en conventionnel de la zone.

Concernant les sols, le vigneron réalise en moyenne 3 binages et la tonte en fonction des besoins, au rotofil. Guillaume adore la mécanique et aime à créer lui-même ses outils de pulvérisation.

Cette année, il a fait une demande pour intégrer le groupe Biodyvin. Il a mis en place les traitements biodynamiques en même temps que son passage en bio.

Il réalise les cueillettes des plantes disponibles autour de chez lui, comme l’Ortie, achète les autres préparations directement au MABD.

Toutes les fermentations à froid sont déposées seules, les décoctions peuvent être ajoutées aux traitements cupriques.

Ils évoquent les bons résultats qu’il a pu obtenir grâce à la Valériane, pulvérisée après des épisodes de gel, l’Achillée qui aide les vignes à réguler l’évapo-transpiration et l’association « Bourdaine-Prêle » qui lui semble très efficace.

« Travailler avec les plantes, cela nécessite d’y consacrer du temps, mais c’est également très agréable d’apporter ces soins, rien à voir avec les phytos ! Et puis pour moi la biodynamie, c’est un peu comme une famille. L’idée de partage y est très forte. »

Guillaume conseille la lecture de l’ouvrage de Justine VICHARD « La Phytothérapie appliquée aux Vignes expliquée par les Plantes », Ed. Pacte Végétal, grâce auquel il a beaucoup appris.

Le père de Guillaume, Joël Marteaux était pépiniériste et 95% de domaine est toujours planté en sélection massale.

« Il me semble que la qualité du matériel végétal en place permet à mes vignes d’être plus résistantes. Je vois très nettement la différence entre ma parcelle de meunier, plantée de clones, et mes autres parcelles plantées de massales. Les clones sont plus sensibles au mildiou, une fois que les premières tâches apparaissent, la propagation va y être hyper fulgurante. C’est la même chose par rapport aux événements climatiques extrêmes. On néglige trop la qualité du matériel végétal dans nos réflexions sur l’avenir du vignoble … Je vais à mon tour sélectionner sur 3 ou 4 ans, les pieds qui me serviront à réaliser des greffons. Travailler avec du matériel végétal très adapté à mon terroir me semble vraiment judicieux.»

Guillaume nous fait visiter son cellier. Il a lui-même construit le bâtiment qui accueille son pressoir Diemme acheté en 2012, les cuves et les 55 tonneaux 228 L qui contiennent les vins clairs 2022. Il affectionne particulièrement des fûts en Chêne Sessille ou Chêne Rouvre fabriqués à la tonnellerie de Fouailly (Jérome Fouailly, Mérandier et Tonnelier, Meilleur ouvrier de France). Il a aussi commandé des amphores en céramique chez Biophytos pour faire des essais de macération.

« Avec ces changements de pratiques, j’ai l’impression de me réapproprier mon terroir. Avec la belle qualité des raisins obtenue à la vendange, tout suit derrière. Cela me donne bien d’autres perspectives sur les vinifications. Les fermentations se font grâce aux levures indigènes. J’utilise du souffre minéral volcanique grâce à l’acquisition d’un générateur. Je vinifie sur lie, ne fais ni collage, ni filtration. Mes vins ont changé. Ils sont moins sensibles à l’oxydation, aux déviances ; ils me semblent plus résilients. »

Les premières bouteilles bio du domaine seront commercialisables en 2024.

Les animatrices de l’USESA (Union des Services d’Eaux du Sud de l’Aisne) qui participent à la rencontre, rappellent que, dans ce secteur de l’AOC Champagne, 3 usines de traitement des eaux ont dû être installées du fait des contaminations des masses d’eau par les pesticides viticoles.

« Réaliser des actions préventives comme susciter les conversions à la viticulture bio, est beaucoup moins coûteux pour la collectivité que de devoir organiser des mesures curatives, comme construire une usine de traitement, surtout dans le contexte de diminution de la ressource hydrique que l’on connaît aujourd’hui. »

Merci pour cette belle visite Guillaume !!

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