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VIGNE BIO OUVERTE « BIODIVERSITE » AU CHAMPAGNE BONNET-PONSONAVEC LA LPO CHAMPAGNE-ARDENNE, LE MERCREDI 22 JUIN 2022

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Cyril BONNET conduit un domaine viticole dans la Marne de 10 ha répartis sur une cinquantaines de parcelles sur les villages de Chamery, Vrigny, Coulommes-la-Montagne et Verzenay. Le long de cette façade de la Montagne de Reims, les nombreux revers de la côte créent des terroirs aux expositions variées, allant de plein nord à sud-est. La nature des sols change également selon les villages et lieux-dits, entre le sable, le calcaire et l’argile.

Entré en conversion bio en 2013, Cyril a pour objectif d’avoir le moins d’impact possible sur la biodiversité, tout en produisant du raisin de qualité. Il maintient un enherbement permanent sur l’ensemble des parcelles d’août à février. D’avril à juillet, il entretient les sols par un labour superficiel, par griffage et binage, en fonction des conditions météorologiques.

La protection contre le mildiou et l’oïdium est réalisée à l’aide de fongicides naturels (cuivre et soufre) complétés par des préparations à base de plantes locales élaborées au domaine (macération et infusion d’orties, prêle notamment).

Même si ces pratiques sont déjà assez respectueuses des écosystèmes, le vigneron souhaite encore les améliorer. En 2020, il choisit d’être accompagné par la LPO Champagne Ardennes, via le projet Trame Verte et Bleue ; Julien ROUGE réalise tout d’abord un inventaire succinct de la biodiversité sur le domaine. Il révèle plus de 200 espèces dans le secteur, dont plus de 40 dans les parcelles. Au moins 17 espèces sont classées « à enjeu de conservation », parmi lesquelles des oiseaux nichant dans les vignes : l’Alouette des champs (désormais considérée comme quasi-menacée en France), l’Alouette Lulu (espèce emblématique du vignoble), le Bruant jaune (classé vulnérable, statut particulièrement défavorable) ou encore la Linotte mélodieuse (qui a perdu 72 % de ses effectifs en 20 ans !)

Le chargé de mission de la LPO va ensuite faire des préconisations visant à mieux respecter les cycles biologiques de la faune et de la flore, leur permettre de se maintenir et de se diversifier. La démarche aboutit à des aménagements favorables à la biodiversité sur le domaine, soutenus financièrement par la Région Grand Est et les Agences de l’Eau.

Cyril va ainsi planter 600 arbres, arbustes fruitiers et arbres de haut-jet, et installer près de 500 mètres linéaires de haie champêtre. La fourniture des plants et la plantation de la majeure partie des haies ont été organisées avec les Pépinières Defontaine, basée à Noirlieu dans la Marne.

Les fruitiers (Pommiers, Poiriers, Pêchers et autres petits fruits comme les Groseilliers, Cassissiers) ont été plantés en bordure de parcelle, en début des rangs de vignes. Les arbres de haut-jet (Érables sycomore et champêtre, Merisier, Tilleul à petites feuilles, Alisier torminal, Charme et Cormier) ont quant à eux été disposés directement dans les parcelles, tous les 7 rangs afin de permettre le passage de l’enjambeur ; la densité est de 150 à 200 arbres à l’hectare. Un arbre est installé devant chaque rang complanté, pour faciliter son identification.

Les résidus de coupe pour l’entretien des arbres trognés seront ensuite utilisés en tant que B.R.F (Bois Raméal Fragmenté), un broyat de jeunes rameaux qui servira de couvert dans certaines parcelles et favorisera la création d’humus.

Quant aux haies, le principal linéaire est planté dans une parcelle hors appellation en plaine. Cette parcelle sera utilisée pour la culture de plantes nécessaires aux macérations pulvérisées dans les vignes (prêles, orties…) L’autre section de haie est positionnée en bordure de parcelle où les éléments fixes du paysage sont rares.

Cyril a choisi de jeunes parcelles et des vieilles vignes pour ces essais de vitiforesterie. En testant plusieurs modalités, il espère arriver à comprendre les interactions complexes entre les arbres et la vigne et trouver un système résilient, productif et qualitatif.

Le vigneron recherche également de nouvelles stratégies pour remplacer le travail du sol, ou du moins le réduire fortement.

Il met en place des couverts végétaux et des engrais verts sur 3 ha. Cette technique, déjà assez développée dans le vignoble alsacien, donne ici des résultats hétérogènes selon les saisons : « cette année, les couverts n’ont pas bien pris, les seigles n’ont pas levé, or ils sont essentiels pour assurer un bon paillage, une fois couchés. A l’inverse, en 2021, les parcelles ayant un couvert ou un engrais vert étaient plus facile d’accès. »

Cyril expérimente également l’installation de toiles de chanvre sous les rangs, utilisant des rouleaux de paillage en chanvre et amidon de maïs, produits localement, sur une parcelle déjà installée et dans une jeune plante.

De septembre au débourrement, quatre moutons pâturent dans un enclos d’une vingtaine d’ares. L’enclos est déplacé toutes les 2 à 3 semaines en fonction de l’enherbement.

« Tout cela demande bien sûr plus de travail, limite la mécanisation ; beaucoup d’arbres se prennent encore des coups de cisaille, par erreur ! Mais pour moi, cela a du sens, face aux problèmes de déclin de biodiversité, au dérèglement climatique.

A mon échelle, je peux atténuer les évènements climatiques extrêmes grâce à la fraicheur sous les arbres, et bénéficier d’un effet coupe-vent. En ramenant de la diversité dans mes vignes, je favorise la venue d’insectes et d’oiseaux qui m’aident dans la lutte contre les mange-bourgeons.

J’ai pensé mon système pour qu’il soit fixateur d’eau et de carbone, résilient et autonome.

Le reboisement du vignoble est aussi l’affaire des collectivités. A Chamery, nous sommes quatre vignerons à avoir installé des arbres et des haies. La commune commence également à replanter des haies. On est sur la bonne voie. »

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