FR

GB

Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

MERCREDI 27 AVRIL 2022, JOURNÉE TRACTION ANIMALE, AU DOMAINE RUPPERT-LEROY

Partager cet article :

Organisée dans la Côte des Bar, en partenariat avec la Chambre d’Agriculture et l’ACB, cette journée d’animation a permis d’accueillir Jean-Louis Cannelle, spécialiste de la traction animale et éleveur militant pour l’indépendance technologique des paysans.

La matinée était consacrée à une conférence, l’après-midi à des démonstrations de travail du sol avec le trait breton Dourdin, et les juments comtoises, Helka et Gaia.

Jean-Louis Cannelle est issu d’une famille paysanne installée à Villers-sous-Chalamont, dans le Doubs. En 1981, il abandonne sa coopérative laitière qui ne cautionne pas sa certification bio et se lance dans l’élevage de chevaux de trait comtois prêts au travail et un atelier de viande.

« A la ferme, on n’a jamais arrêté la traction animale. On s’est fait traiter de réactionnaires, mais il faut se rendre compte que le système agricole est tellement triste aujourd’hui, que les nouvelles générations ne veulent pas ou ne peuvent plus reprendre l’activité de leurs parents. »

En 1987, il crée l’association Hippotese ; elle promeut la traction animale en agriculture et milite pour sa reconnaissance comme une énergie renouvelable. Elle organise de nombreuses formations (éthologie, attelage, travaux agricoles) qui pourront intéresser les personnes qui souhaitent entreprendre ce long apprentissage,

« Le rôle du paysan c’est de fournir les denrées alimentaires et d’entretenir la nature autour de sa ferme. Il faudrait qu’on soit un million pour faire correctement le job en France. On est 400 000. »

L’éleveur évoque la « réappropriation » nécessaire de l’espace et du temps par les hommes. « Avant, on définissait les surfaces en terme de temps de travail, une ouvrée, un journal, un homme… C’est le plan Marshall qui a mis fin à l’utilisation de la traction animale. Il fallait libérer les bras ruraux afin qu’ils se consacrent la reconstruction, à l’industrie. On a dopé le marché du tracteur après-guerre, en subventionnant la motorisation à tout va.

Tout ce mouvement a abouti à l’agriculture intensive que l’on connait, avec ses rendements 100 fois supérieures à ceux du XIXème siècle, la dépendance à l’industrie, au gazoil, à la pétrochimie, accompagnés du matraquage des sols et des nappes phréatiques, une fuite en avant où les agriculteurs ont perdu tous leurs repères.

Le cheval, c’est une énergie renouvelable, il peut aider à nous affranchir du modèle non soutenable de l’agriculture intensive. Continuer à saccager le monde n’est plus possible. »

« l’Intérêt principal du cheval en viticulture, c’est de fournir un travail de très haute précision, particulièrement précieux pour les « plantations » et les vieilles vignes.

Les bénéfices secondaires se sont :

– le tassement non régulier (comme avec des roues),

– la lenteur du travail, comme on sait que le compactage est directement lié à la vitesse de travail,

– l’absence de vibration (facteur d’aggravation des sols déstructurés),

– la possibilité d’intervention après les pluies,

– la possibilité d’intervention sur des parcelles à fortes pentes,

La combinaison de tous ces facteurs permet d’obtenir un taux d’activité biologique des sols supérieurs de 40%. »

Jean-Louis évoque également le bricolage et l’inconfort dans lesquels sont malheureusement cantonnés les paysans qui souhaitent reprendre la traction animale : « Bien que l’on en parle beaucoup, le travail équin est toujours en décroissance et sa confidentialité fait que l’on n’est plus en mesure de travailler comme il le faudrait sur les outils. Les gens sont obligés de travailler avec du matériel non abouti. La création d’outils agricoles nécessite un travail collaboratif très prolongé, de multiples expérimentations, prototypes, la formations de techniciens, mécaniciens, l’apprentissage de du réglage des outils … »

Il ne faut pas rater l’objectif de tout cela « réaliser un travail de précision, sans stress pour l’animal et pour l’homme » rappelle Jean-Louis.

Chacun a pu repartir nourri de ce généreux partage d’expérience, touché par le courage de nos hôtes ainsi que leur plaisir à travailler avec leurs chevaux, prêt à poursuivre l’aventure à sa manière.

Pour aller plus loin : hippotese.free.fr

Outils tractés pour la démo : un canadien, une arbalette et un equivinum.

Un grand merci à Marie Horiot, Emmanuel et Bénédicte Leroy pour les démonstrations et l’accueil sur le domaine, à Vincent Sappez, Sellier-Arnacheur, qui accompagnait les mesures d’effort.

Cet article vous a plus ? Partagez-le :